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Photo du rédacteurStephane Fayol

Je rêvais toujours d'un autre monde mais pas n'importe comment....


Est-ce ma terre promise ? "Comme les rois mages en Galilée, où tu iras j’irai en "ruralité" ( terme à la mode pour faire rêver) ?


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« C'est ma terre où je m'assois Ma rivière, l'eau que je bois Qu'on n'y touche pas C'est mes frères autour de moi Mes repères et ma seule voix Qu'on n'y touche pas, non (qu'on n'y touche pas) » C Maé.

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Je ne suis sincèrement pas sûr, que cette terre où mes parents m’ont donné le jour, correspondait à une quelconque promesse et quand bien même c’eût été le cas, je ne pense pas avoir été en situation de l’avoir comprise cette promesse. Et puis promettre quoi ? Ma terre n'était pas plus qu'à moi leur propriété.


C’est juste ma terre, avec une définition : celle de mes premiers regards, de mes premières écoutes, dont les cloches de l’église qui me faisaient pleurer à grands bruits avant « conjuration », de mes premiers pas ensuite et de tout ce que j’y fais et ressens encore 57 ans après.


Je l’ai ressentie, d’abord de façon un peu animale, puis apprise, jour après jour patiemment. Les gens qui m’entouraient, et dans les années 60, un si petit village reculé de France je peux vous dire que c’était quelque chose en termes de diversité ! le paysage ensuite et le climat, des étés chauds et orageux, des hivers où les nappes de neige recouvraient tout. Et les jardiniers qui suivaient les lunes, tout comme les coiffeurs...


J’y ai vécu les petits tracteurs sautillants, les voitures ( quelques-unes) et leur diesel aux fumées noires et malodorantes, le téléphone unique par village puis les téléphones et smartphones virus, la télé avec une chaine puis trois chaines jusqu’au début des années 80, puis les chaines abrutissoirs , le lavoir et le développement très progressif des machines à laver, le lait en bouteille à la ferme avec ses mouches et le lait stérilisé, les animaux qui sentent ce qu’ils sentent avec leurs déjections éparses, des vélos rudimentaires sans vitesses pour escalader ( les mots résonnent dans mes pauvres mollets) etc, etc…


La liste de ce qui semble, parce que ça l’était, un confort de vie rudimentaire et précaire aux uns, les mêmes qui se félicitent de tout le progrès que nous avons su ensemble apporter de plus moderne et de le vivre, et de ce que semble vouloir retrouver ceux qui ne l’ont pas vécu et qui y fantasment le mieux vivre absolu en la matière est longue. Et à ce stade j’en passe les nuances catégorielles.


Et ce "vivre ensemble" leit motiv de tous aujourd’hui, enfin du moins en paroles puisque l’irrépressible et irréductible opposition de mode de vie que l’on trouve autour de nous compromet très sérieusement cette ambition exclusive.


Il y avait dans mon enfance de la convivialité, il y avait du clochemerle et du pas tendre, bien loin de là. Il y avait des riches, il y avait des pauvres. Et peu d’assistance sociale pour les aider.


Mais le peu qu’il y avait en effet était en revanche soutenu par un respect humain que la ruralité simple accroissait, et la culture et l’ouverture au monde que beaucoup avaient limitaient des demandes, je n’ose pas dire les besoins, de quel droit le pourrais-je.


Certes il y avait quelques filous qui essayaient de gruger un peu le système pour améliorer leur ordinaire, mais pas à ma connaissance autant de vindicte opposée à ce qu’il est convenu d’appeler le système qu’il n’est pas inhabituel de réfuter en bloc dans ce qu’il demande comme effort solidaire tout en n’hésitant pas à siphonner sans état d’âme ce qu’il peut apporter d’aides.


On a créé et apporté tant de belles choses, limité tant de souffrances qu’on a fini par les oublier. Mais je sais concilier un médicament de l’horrible chimie qui a sauvé tant de vie et téléphoner pour faire conjurer mes brulures et d’autres bobos. Mon apprentissage de la vie il est là. Et dans ce déséquilibre, ça ne tient pas si mal debout.


Je suis tellement heureux d'avoir lu ce que je ressentais dans les merveilleux derniers ouvrages de Serge Joncour ou d'Eric Fottorino pour ne citer qu'eux avec tant de nuances.

En effet, le monde que je vis aujourd’hui depuis quelques mois sur « ma terre » me laisse de plus en plus songeur et inquiet, moi l’optimiste chevronné qui ait priorisé "mon pas devant" plutôt que des stagnations intellectuellement abusives ou des volte-face hypocrites.


Je rencontre çà et là des nouveaux théoriciens radicaux de vie, armés intellectuellement pour concevoir une soi-disant vie saine au concept bien à eux, étayés par des pseudos recherches les plus hermétiques qui soient, excluant bien entendu tout ce que "le système" a empoisonné sur la planète. Leur éclosion a explosé avec la pandémie.


Et ils ne reculent pas pour ce faire devant la désobéissance républicaine, le mépris suffisant de ce que les autres pensent et ressentent, l’incantation permanente et péremptoire de guide de vie en tous points, sans avoir eux-mêmes vécu réellement ce qu’ils semblent dénoncer et le classement de ceux qui ne pensent pas comme eux de passéistes et démodés coupables.

L’humilité n’est pas là ou on pourrait croire à priori.

Les théories semblent belles : elles le sont, en apparence. Je rêve aussi souvent qu’elles sont au moins pour partie sincères. Pour le reste paroles et prédications : « fais pas ci fais pas ça », mais c’est pas mieux …


Mais contrairement à une facilité que j’exècre je n’irai pas jusqu’à dire que tout est à rejeter en parallèle de ce qu’ils disent et font. Il est judicieux de trier le bon grain de l’ivraie et de le faire en s'écoutant, pour de vrai:


Pourvu que la cohésion républicaine soit préservée. Liberté et fraternité pour l’éternité.

Et simplement l’excès autrement dit l’abracadabrantesque me fatigue et use notre cohésion sociale, la lamine en enfermant autrement les gens dans des cases que le fameux système l’a fait. Je ne sais plus expliquer, aider accompagner dès qu’il s’agit d’une telle brutalité. Et l'excès bloque toutes les écoutilles.


Dénoncer ce que l’on a mal fait: c’est utile. Recréer un absolutisme aussi radical ne l’est surement pas. Il y a eu et il y aura trop de ces fameux dommages collatéraux. A ce titre je ne résiste pas à glisser ce sketch de Tom Villa que j’ai écouté et qui révèle tant….



Aussi, cela ne saurait trouver grâce à mes yeux. Ce ne sont pas ces valeurs que mes racines terriennes m'ont léguées, et avec lesquelles j'ai appris. Et que j' ai vécu presque toute une vie appuyé sur elles.


Je n’aime pas ce qui est depuis quelques temps « fait » par excès de Néo, prénom si ancien qui a vu et revu des choses nouvelles conformes à son étymologie, et qui en verra d’autres.


Progressivement, avec le temps, car avec le temps tout va et tout s’en va. Rien ne stagne.


Les agités dérapeurs du « néo life » devraient s’apaiser, ils seraient mieux compris dans leurs aspirations sincères et peut être avec d’autres moins néo, ils déposeraient ensembles leurs errements et hypocrisie au placard.

J’aimais beaucoup de petit Oui Oui tout gentil lorsque j’étais enfant, mais aujourd’hui ni « Oui Oui », ni « Non Non » ne trouvent aujourd’hui un écho absolu en moi.


Une vraie promesse de l’aube non ? celles de poètes aux sourires disparus…



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